Pégoud à Paris

Pégoud à Paris
samedi 17 novembre 2012
par  claude thollon-pommerol

Largement canonné lors de sa première mission, Pégoud doit remplacer son appareil. Venu remplacer son avion, Pégoud retrouve à Paris une ambiance qu’il a bien connu.

« Le correspondant à paris de l’Exchange Telegraph Company envoie les renseignements suivants : Je viens de voir Pégoud l’inventeur du "looping the loop", au ministère de la guerre où il a reçu les félicitations du ministre. Il est venu à Paris pour obtenir un nouvel aéroplane, le sien ayant eu les ailes criblées de 97 balles et d’éclats d’obus, pendant qu’il accomplissait un raid audacieux de 180 miles [environ 290 km] en territoire germanique.

Il n’a pas pu me dire où il était allé mais il m’a déclaré qu’il avait volé au-dessus du Rhin avec un officier observateur et fait sauter au moyen de bombes deux convois allemands.

Le capitaine Finck a-t-il ajouté, a éventré avec des bombes le hangar de Frescati près de Metz où il y avait un Zeppelin qui a été détruit. Il y avait trois Taube qui ont été mis en pièce.

(l’Humanité, 22 août 1914)

« Les journaux de l’après-midi d’hier content que Pégoud était venu à Paris pour obtenir, a-t-il dit, un nouvel aéroplane, le sien ayant été percé comme une écumoire par quatre-vingt-dix-sept balles et par deux obus, lorsqu’il fit, au-dessus du territoire allemands, un vol qui atteignit une longueur d’environ 300 kilomètres.

Pégoud n’a pas dit où Il était allé, mais il a simplement déclaré qu’il avait traversé le Rhin en compagnie d’un officier observateur, et qu’il avait fait sauter, au moyen de bombes, deux convois militaires allemands.

Le récit, quelque peu imprécis, de ce brillant exploit, bien digne de l’admirable pilote qu’est Pégoud, n’a point été confirmé officiellement (La Croix 23 août 1914)

JPEG - 74.6 ko Ovation à Pégoud

Une ovation des plus chaleureuse a été faite, hier soir, à l’héroïque aviateur Pégoud.

De retour de la frontière, celui-ci était venu chercher, à son domicile à Montmartre, sa correspondance et divers objets. Au moment de remonter en automobile, à l’angle des rues Custine et Becquerel, il fut reconnu par les passants qui, bientôt attroupés, l’acclamèrent frénétiquement ; certains l’embrassèrent même en le serrant dans leurs bras.

Emu jusqu’aux larmes, l’intrépide soldat aviateur voulut se dérober. Mais ce ne fut que difficilement qu’il réussit à prendre place au volant de sa voiture qui dérapa tout de suite en vitesse par la rue Bachelet, poursuivie par les cris de "Vive Pégoud".

(Peti parisien, 24 août 1914) Looping the loop, utile ou inutile ?.

« …Tandis que nous nous émerveillions de la voltige prodigieuse, mais inutile, d’un Pégoud… »

« J’ai dit l’admirable courage, presque l’héroïsme, de la population parisienne devant les Taube, qui, cependant, promènent la mort au-dessus de la cité et la répandent dans ses rues.

Comment se fait-il qu’on ne puisse nous préserver de ce danger devenu presque quotidien ?

Je n’accuse personne. Mais, enfin, qu’on se rappelle

Que n’a-t-on pas dit à l’éloge de nos maîtres de l’air ? Combien de fois et sur quel ton ne nous a-t-on pas répété que l’organisation de notre flotte aérienne était incomparable ? De quelles railleries n’avons-nous pas accueilli les essais des Allemands sur un terrain que nous nous croyions exclusivement réservé ? Or, tandis que nous nous émerveillions de la voltige prodigieuse, mais inutile, d’un Pégoud, les Allemands travaillaient avec application dans le sens pratique.

Aujourd’hui, qu’arrive-t-il ? Des Taube apparaissent, lancent leurs bombes, puis s’éloignent paisiblement sans qu’aucun aéroplane ne se montre à l’horizon prêt à leur donner la chasse. Certes, nos aviateurs nous ont rendu et nous rendent chaque jour, sur le front, des services signalés. Mais la police des airs, au-dessus de Paris, est aussi importante qu’ une autre. »

Arthur Meyer

(Le Gaulois, 12 octobre 1914) « Au vrai, l’acrobate était tout simplement un soldat qui s’exerçait. »

« Quand notre Pégoud innovait le looping the loop en aéroplane, après s’être émerveillé d’une pareille hardiesse, on fut tenté de crier à l’acrobatie. Au vrai, l’acrobate était tout simplement un soldat qui s’exerçait.

Lorsque l’aviateur alla en Allemagne, il y fut l’objet d’une curiosité frénétique. C’est qu’on ne s y trompait point, et qu’on savait que lorsque ce serait pour autre chose et pour tout de bon, le pionnier intrépide serait un ennemi à peu près invulnérable et terriblement clairvoyant.

L’ennemi aussi a ses avions. C’est dans le ciel la guerre des grands oiseaux. On s’épie, on se pourchasse. Mais là encore, à la technique purement mécanique qui peut faire d’un Taube un bon outil allemand s’ajoute cette supériorité qui tient aux seules qualités de la race et qui, dans une action toute d’improvisation et de sang-froid, abandonnée à l’initiative individuelle, maîtresse de l’heure, est prête à tous les sacrifices, est comme l’âme même -l’âme française- de chacun de nos avions. »

(L’Eclair, M. Georges Montorgueil)

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